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LA PIERRE PHILOSOPHALE



1/ Définition de la PIERRE PHILOSOPHALE : Extrait de l'encyclopédie "Quillet"

Substance hypothétique dont l'élaboration constituerait le but de l'Alchimie pratique.

La PIERRE PHILOSOPHALE était censée assurer la progression des être vers la perfection. C'est pourquoi elle était capable d'opérer la transmutation des métaux imparfaits en or et constituait la médecine universelle, dite aussi la "panacée" ou "l'élixir de longue vie". Dans un e autre conception de l'Alchimie, dite Alchimie mystique, la PIERRE PHILOSOPHALE était le symbole de l'être régénéré par un e transmutation mystique qui lui permettait de s'accomplir. Elle était représentée symboliquement par un enfant couronné, revêtu de la pourpre royale, un pélican, un phénix, le Christ, etc... En fait, on distinguait deux PIERRES PHILOSOPHALES; La première, la PIERRE ROUGE, était capable de changer les  métaux vils en or. Son élaboration constituait le Grand Oeuvre, ou "Grand Magistère", symbolisé par un arbre  portant des soleils. Mais si on arrêtait les opérations avant leur terme, lorsque l'Oeuf Philosophique, dans lequel se faisait la cuisson, avait la couleur blanche, on obtenait alors la PIERRE BLANCHE, capable de changer les métaux vils en argent. Cette première partie de l'opération de l'opération constituait le Petit Oeuvre, ou "Petit Magistère", symbolisé par un arbre portant des lunes. L'opération s'effectuait surtout par la voie humide, et durait au moins un quarantaine de jours.
Au XVIIéme siècle fut introduite la voie sèche, ou voie courte, qui durait quatre jours. Les points capitaux de la préparation était la composition du mélange de départ et la programmation du régime de chauffe de ce mélange, points que les alchimistes s'efforcèrent d'entourer de mystères.

La PIERRE ROUGE se présentait sous la forme d'une poudre assez lourde, qui avait l'éclat du rubis. La transmutation des métaux imparfaits (mercure, plomb ou étain), ou projection, se faisait en projetant dans le métal chauffé ou fondu un  petit morceau de la PIERRE PHILOSOPHALE enrobé de cire.

En tant que panacée, ou "élixir de longue vie", la PIERRE PHILOSOPHALE était employée dissoute dans l'eau mercurielle (or potable) ou sous forme "saline".

2/ De la PIERRE PHILOSOPHALE  en elle-même et par nous.

L'Oeuvre étant parvenue au "rouge", la Matière ayant été fermentée, nous obtenons la PIERRE PHILOSOPHALE ou élixir rouge du Grand Magistère. Nous savons en effet que l'on appelle élixir blanc, le Petit Magistère, la Matière parvenue au blanc, mais ce Petit Magistère ne transmute que les métaux vils en argent. Par contre le Grand Magistère transmute les métaux en or, et possède en outre bien d'autres propriétés. Je n'évoquerai, afin d'éviter certaines confusions, que du Grand Magistère, les propriétés du Petit Magistère restant, en ce qui me concerne, très hypothétiques.

La PIERRE PHILOSOPHALE se présenterait donc sous la forme d'un poudre rouge éclatante, assez lourde. Cependant ces caractères chimiques ne suffisent pas aux alchimistes. afin de s'assurer de la qualité, celle-ci est projetée sur une lame de métal chauffé au rouge, la PIERRE  devant fondre sans répandre de fumée : "Prends une lame d'airain propre, frotte la et la polie, place dessus un peu de la Matière et place la sur des charbons incandescents. Si la Matière se fond et s'étend sur la lame chaude, ta médecine est parfaite; rends alors Grâces à Dieu" (Isaac LE HOLLANDAIS; "Opéra Minéralia"). GEBER dit à peu près la même chose :"Prends de la Matière rouge en grain, place la sur une lame de fer ou de cuivre et chauffe fortement jusqu'à ce que la lame blanchisse. Si alors ne s'élève aucune fumée et que retirée du feu la Matière n'a rien perdu ni en poids ni en volume, elle est de bonne qualité." ("Secretum Nobilissimum").  CALID ajoute quelques détails : "Quand la PIERRE est parachevée, on en met un parcelle sur un fer rouge ou sur une plaque d'airain, ou d'argent fortement chauffés, si alors elle coule comme  de la cire, sans fumer, en adhérant parfaitement au métal, elle est parfaite ("Livre des Trois Paroles").

l'heureux alchimiste qui découvre et possède la PIERRE PHILOSOPHALE, prend alors le nom d'adepte, il peut dès lors user à son profit des propriétés merveilleuses de la PIERRE.. Denis ZACHAIRE dans opuscule "de la philosophie naturelle des métaux" et PHILALETHE dans "l'entrée ouverte au palais fermé du roi", lui reconnaissent trois propriétés : tout d'abord transmuter les métaux vils en or (ou argent), ensuite la production des pierre précieuses et enfin conserver la santé.

Il faut noter que les alchimistes grecs ne reconnaissaient à l'"élixir rouge" que le pouvoir de transmuter les métaux vils, ce ne fut que plus tard qu'on lui assigna une foule de propriétés. Certaines Oui, d'autres peut-être, et ce qu'on fabule certainement pas.

Les alchimistes ne concordent pas sur les résultats des transmutations à l'aide de la PIERRE PHILOSOPHALE. Selon les uns, nous n'obtenons qu'un petit lingot, à savoir qu'un e partie du métal seulement est transformée en or. Selon d'autres, la totalité du métal est changée en une masse d'or du même poids : "D'une once de cette poudre de projection, blanche ou rouge, tu feras des "soleils" à l'infini et tu transmuteras en lune toute espèce de métal sorti d'un mine" (Raymond LULLE : "La clavicule"). "Et tu projetteras cette Matière sur mille parties de mercure vulgaire et il sera transmuté en or fin".  Roger BACON affirme la même chose à la fin de son : "Miroir d'Alchimie". Cependant la PIERRE PHILOSOPHALE peut avoir une vertu plus ou moins importante selon qu'elle est été fermentée plus ou moins de fois :"En sorte qu'après une opération une partie de l'élixir change cent parties de n'importe quel corps en lune; après deux opérations : Mille; après trois: Dix mille; après quatre : Cent mille; après cinq : Un million; après six opération : Des millions de mille et ainsi de suite à l'infini (Albert LE GRAND ": Le composé des composés").

La PIERRE PHILOSOPHALE guérit non seulement les métaux vils de leur lèpre, c'est-à-dire de leur infériorité, mais par analogie, elle est sensée guérir l'homme de tout espèce de maladie et d'infirmité. Elle prolonge même la vie, son infusion dans l'alcool constitue l'élixir de longue vie, en bref, la "panacée". ARTEPHIUS prétend par son usage être arrivé à l'âge de mille ans passés. Certains sont prétendu qu'elle pouvait ressusciter les morts ??? Quelques philosophes donnent des détails sur l'action thérapeutique de la PIERRE PHILOSOPHALE. Selon Armand de VILLENEUVE, elle conserve la santé, elle accroît le courage, d'un vieillard elle fait un jeune homme. Elle chasse toute âcreté, elle écarte le poison du coeur, elle humecte les artères, fortifie les poumons, purifie le sang, et guérit les blessures. Si la maladie date d'un mois, elle guérit le patient en un jour, d'un an, il faut compter douze jours. Certaines propriétés très spéciales  lui sont même attribuée; exemple : "elle fait disparaître les rides", ou bien encore : "elle excite et donne des forces pour l'acte de Vénus" (à cela, plus de travail sur le Grand Oeuvre, il existe certains médicaments pour cela). Je pense qu'il ne faut surtout pas chercher, ou rechercher, des pouvoirs aberrants, et rester concentré sur des actions sérieuses.

KHUMRATH admet son influence non seulement sur le corps, mais encore sur l'esprit et l'âme :"Si l'on administre la Pierre à un malade, elle expulse toutes les maladies, tant de l'âme que du corps. Elle chasse la lèpre, l'hydropisie, l'épilepsie, l'apoplexie, la surdité, la cécité, la folie, l'orgueil et l'ignorance" (H. KHUMRATH : "confessio de chao physicae chimicorum"). De même avec l'aide de Dieu tout puissant, cette Pierre nous délivrera et nous garantira des maladies, si grandes qu'elles soient. "Elle vous préservera  de toutes tristesses et afflictions et de tout ce qui pourrait vous nuire au corps et à l'esprit" (Hermes : "Les sept chapitres").

Non seulement elle guérit le moral attaqué, mais encore, elle augmente l'intelligence et donnerait le "pouvoir" de commander à la nature et de voir Dieu dans sa gloire. "Il me dit ercore que si pendant neuf jours consécutifs, j'usais de neuf gouttes ou de neuf grains de la Pierre, je serais doué d'une intelligence angélique et qu'il me semblerait être dans le paradis" (Cassette du petit paysan). SPERHER va plus loin : "Enfin, elle purifie et illumine tellement le corps et l'âme, que celui qui la possède voit comme en un miroir tous les mouvements célestes des constellations et les influences des astres, même sans regarder le firmament, les fenêtres fermées dans sa chambre" (SPERHER; "Isagoge de materia lapidis"). En un mot, l'adepte peut contempler le monde invisible fermé aux autres hommes.

Nous avons donc vu que la PIERRE PHILOSOPHALE produit non seulement de l'or ou de l'argent à partir des métaux vils, des pierres précieuses, mais aussi, en travaillant avec la nature, on peut créer un "homuncule", et  obtenir la panacée pour rallonger la vie terrestre et guérir les maux, ensfin elle potentialise l'intellect.


3/ Traité du ciel terrestre par Venceslas LAVINIUS de Moravie

"Il y a un seul esprit corporel que la nature a premièrement créé, qui est commun et caché, et qui est le baume précieux de la vie, conserve ce qui est pure et bon, et détruit ce qui est impure et mauvais. Cet esprit est la fin et le commencement de toute créature, triple en substance, car il est fait de sel, de mercure, et de soufre, ou d'eau pure, qui d'en haut coagule, unit, assemble et arrose tous ces bas lieux, par en sec onctueux et humide. Il est propre et dispose à recevoir quelque forme et figure que ce soit. Il n'y a que l'Art qui, par l'aide et l'entremise de la nature, le rende visible à nos yeux. Il cèle et cache dans son ventre une force qui est pleine et remplie des propriétés du ciel et de la terre."

"Elle est hermaphrodite et elle donne l'accroissement de touts choses, se mêlant indifféremment avec elles, parce qu'elle tient renfermée en elle toutes les semences du globe "Atherée". Car elle est pleine d'un feu subtil et puissant, et en descendant du Ciel, elle influe et imprime sa force sur les corps de la Terre; et son ventre qui est poreux est tout plein d'ardeur, et il est le père de toute chose. Alors ce ventre se remplit d'un autre feu vaporeux, et sans cesse il reçoit son aliment de l'humeur radicale, qui dans ce vaste corps se revêt du Corps de l'eau minérale, ce qu'il fait par le moyen des concoctions de son feu chaud. Cette Eau qui peut être coagulée, et qui engendre toutes choses, devient une terre pure, qui, par une forte union, tient la vertu des plus hauts cieux renfermée en elle. Et parce que dans cette même terre elle est unie et conjointe avec le Ciel, c'est pour cela que je lui donne le nom de Ciel terrestre."

"De même qu'au commencement, la première nature se servit de la séparation, pour orner et arranger la masse qui était en désordre et en confusion : Ainsi, l'Art qui aime la perfection doit imiter la nature. La nature ôte l'excrément substanciel, ou par un limon terrestre qu'elle converti en eau, ou par adustion. L'Art se sert de lotion et de digestion, soit par l'eau, soit par le feu, et sépare l'ordure et l'impureté, en purifiant et en nettoyant lâme de tout vice. Celui donc qui sait se servir de l'eau et du feu, sait le véritable chemin qui le conduit aux plus hauts secrets de la nature."

L'eau, ce grand corps, cette première créature de Dieu, fut remplie d'esprit dès le commencement, ayant toutes sortes de formes en semence et en se vivifiant par le mouvement, elle anime tout, et elle produit toutes choses dans la lumière du Ciel et de la Terre. L'eau est la nourrice de tout ce qui vit dans ces deux lieux. Dans la Terre, c'est une vapeur, dans les cieux, c'est proprement un feu, triple en sa substance et première Matière : Parce que de trois et en trois, tous les corps procèdent et s'éloigne de la nature. Elle contient un homme qui a pour son père le soleil et la lune. Par l'air elle germe dans lieux bas, elle cherche les lieux hauts et forts élevés. La Terre la nourrit dans son ventre chaut, et elle est la cause de toute la perfection."

"Le grand Dieu qui donne la vie à tout, a établi deux remèdes pour les esprits et pour les corps, c'est-à-dire deux choses qui les purifient et nettoient de leurs impuretés, et c'est la cause pourquoi la corruption dispose et rend à une nouvelle vie. Les métaux ont ces deux choses en eux, et ces deux choses sont cause de la réparation, et elles participent de la Terre et du Ciel, afin qu'elles unissent et lient ensemble les deux autres extrémités. C'est pourquoi, ces deux choses sont descendues du Ciel en Terre, et ensuite elles retournent au ciel, afin qu'elles facent paraître leur puissance dans la Terre. De même que le soleil dissipe les nuages  et illumine la Terre; ainsi cet esprit étant préparé de cette sorte et séparé de ses nuages, il illumine tout ce qui est obscur. Dans cet esprit il faut considérer deux formes dans son suc et dans son venin. Son suc qui est double  double conserve tous les corps, par un sel amer. Son venin, qui est pareillement double, les consume et les détruit."

"Ce sont là les facultés qui sont enfermées dans le limbe et dans le chaos; qui a les mêmes effets lorsqu'on le tire de la Terre. Mais dès lors qu'il est préparé, par la séparation du bon et du mauvais, il fait paraître sa force et sa puissance sur les parfaits et les imparfaits."

"J'habite dans les Montagnes et dans les Plaines. Je suis père avant d'être fils. J'ai engendré ma mère, et ma mère ou mon père m'a porté dans sa matrice, en m' engendrant sans avoir besoin de nourrice. Je suis hermaphrodite et j'ai les deux natures. Je suis victorieux sur tous les forts, et je suis vaincu par le plus faible. Et il ne se trouve rien dans le Ciel de si beau, ni qui ait une figure si parfaite."

"Il naît de moi un oiseau admirable qui de ses os, qui sont mes os, se fait un petit nid, en volant sans aile, il se revivifie en mourant, et l'Art surpassant les lois de la nature, il est à la fin changé en roux qui surpasse infiniment en vertu les six autres."

4/ Que peut-on penser, que faut-il croire de la PIERRE PHILOSOPHALE ?

Si l'ont en croit nos savants chimistes et physiciens, la PIERRE PHILOSOPHALE est un arcane mythique des temps obscurs et révolu. La science d'aujourd'hui ne reconnaît pas de méthode particulières qui puisse réaliser les propriétés de celle-ci. C'est pourquoi bon nombre la considère comme un mythe, ne lui prête aucune attention particulière, et la regarde, la toise souvent avec moquerie.

Cette science qui est la nôtre a certes accompli des progrès remarquables et immenses dans son domaine, mais ses bases matérialistes ne peuvent admettre, en effet, tous les mystères qui entourent le Grand Oeuvre.

Nos savants, donc, considèrent GEBER, Nicolas FLAMEL, CALID, ou bien encore Basile VALENTIN, PARACELSE, etc..., non pas forcément comme des charlatans, mais plutôt comme des naïfs reclus dans un hermétisme qui, pour eux, n'aboutit qu'à peu de choses et certainement pas au buts recherchés, à savoir la transmutation des métaux vils en or ou en argent, l'"Homuncule", ou la panacée.

En effet, comment peut-on penser que, malgré les accélérateurs de particules, l'informatique douée d'une intelligence artificielle hors du commun, à l'ère des molécules et de l'atome, etc... nos chimistes et physiciens n'égalent point, voire ne surpassent, ces personnages perdus au fond des âges sur leur domaine scientifique. Certes la théorie est parfois reconnue par certains comme possible, mais la pratique se révélant si longue et si onéreuse, que l'expérience serait vaine.

Cependant, l'Alchimie, mère de la chimie moderne, de part justement son hermétisme, soulève la question posée : a-t-on réellement réussi, à une certaine époque ou actuellement, à imiter parfaitement la nature, en découvrir les secrets, grâce à la PIERRE PHILOSOPHALE ? Si nous lisons attentivement, justement, GEBER, Nicolas FLAMEL, PARACELSE, et quelques autres, nous pourrions répondre oui !

Le Grand Oeuvre, tel que perçu dans la philosophie hermétique, correspond donc à la transmutation des métaux imparfaits en or. Le Petit Oeuvre quant à lui les transmute en argent. Ce secret si bien gardé à travers les âges, et transmis seulement à un nombre restreint d'initiés, que l'on nomme dans la réussite des Adeptes, ce secret donc ne prouve-t-il pas que certains ont eu la possibilité d'accomplir réellement ce que nos savants réfutent ?

Cette PIERRE PHILOSOPHALE, si lourde et si rouge, en poudre, en élixire, comme la décrivent les alchimistes, n'a-t-elle point été créée un jour pour que tant d'écrits à son sujet soient parvenus jusqu'à nous ?

A l'évidence, je répond oui à ces questions que l'on se pose, et surtout oui à la transmutation des métaux et oui au Grand Oeuvre ! Cependant je reste prudent quant aux autres propriétés de la Pierre; à savoir ,'"Homuncule" et la panacée. Car je pense qu'il est possible d'imiter la nature sur certains point, mais difficile d'imiter la Création.

Aussi dans le terme PIERRE PHILOSOPHALE il y a le mot philosophe. Si je devais faire une traduction littérale de la racine grecque, j'obtiendrais ceci : Philosophe; celui qui aime la sagesse. Partant de cela, je pense que la PIERRE PHILOSOPHALE, avant d'être un aboutissement, est un courant d'idée, une réflexion posée sur la nature et sur l'esprit. En effet, les Philosophes Hermétiques ont voulu, en leur temps, définir une pensée qui leur était toute particulière, et donner à leurs initiès la sagesse qui les mènerait à la réussite, la vérité.

Ainsi, c'est dans ce sens que la sagesse et l'abnégation mènent à l'aboutissement, et qu'il nous faut interpréter la PIERRE PHILOSOPHALE comme une, et indivisible, vérité ayant traversé les millénaires.