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SYMBOLIQUE DES INSTRUMENTS

Les alchimistes sont généralement assez explicites sur ces parties accessoires de l'Oeuvre. Le "matras" dans lequel on place la Matière se nomme "Oeuf des Philosophes", c'est un ballon en verre résistant, quelques fois il est en terre cuite, quelques uns se servait à priori d'"Oeuf Philosophique" en métal; cuivre ou fer.

Le ballon en verre était l'"Oeuf Philosophique" le plus employé; "Le vase de l'Art est l'Oeuf des Philosophes, qui est d'un verre très pure, ayant le cou de longueur moyenne; il faut que la partie supérieure du cou puisse être scellée hermétiquement et que la capacité de l'Oeuf soit telle que la Matière qu'on y mette n'en remplisse que le quart" (Huginus BARMA "Le règne de saturne").

Roger BACON se servait indifféremment de vaisseau de terre ou de verre. "Le vaisseau doit être rond avec un petit col. Il doit être en verre, ou en terre aussi résistante que le verre; on en fermera hermétiquement l'orifice avec un couvercle et du bitume" (Roger BACON "Miroir d'Alchimie"). PHILALETE insiste surtout sur la fermeture et la capacité. "Aye un vaisseau de verre fait en ovale, qui soit rond et assez grand pour contenir une once d'eau distillée, dans toute la capacité de sa pause... Il la faut sceller par haut avec cette précaution qu'il n'y ait ni fente ni aucun trou, autrement ton ouvrage serait perdu" (PHILALETE "Entrée ouverte au palais fermé").

Nous appelons ce vaisseau "Oeuf" d'abord à cause de sa forme, ensuite parce que de lui comme d'un oeuf devait sortir, après incubation dans l'athanor, la PIERRE PHILOSOPHALE , l'Enfant couronné et vêtu de la pourpre royale, comme disaient les alchimistes. C'est à peu près dans ce sens que ROUILLAC donne l'étymologie de ce mot : "Tout ainsi qu'un oeuf a tout ce qui lui est nécessaire pour la génération d'un poulet, qu'il n'y faut rien ajouter et qu'il n'y a rien de superflu qu'il faille ôter, de même aussi, il faut enclore à notre oeuf tout ce qui est nécessaire à la génération de la Pierre." (ROUILLAC : "Abrégé du Grand Oeuvre").

Au travers des passages cités ci-dessus nous voyons que les philosophes insistaient beaucoup sur la fermeture complète de l'Oeuf, les uns comme BACON employaient un couvercle qu'ils fixaient avec un lut ou avec du bitume, mais la plupart employaient le sceau d'Hermès. "Le filet d'Ariane", traité anonyme, nous donne des détails forts intéressants sur cette opération. Il donne trois manières de sceller hermétiquement un" ballon" :
1/ "On plaçait le col sur un feu très ardent, mais en le séparant du feu par une tuile percée en sorte que le verre ne se ramollissait qu'en un point du col; quand le verre était ramolli, on coupait le col à cet endroit avec une paire de ciseaux. Les bords coupés se soudaient ".
2/ "On ramollissait le col de la même façon puis on tordait le col en tirant légèrement, et à la flamme d'une chandelle, on fondait l'extrémité pointue de façon à produire une petite perle de verre".
3/ "On chauffait l'ouverture du ballon et un bouchon de verre pouvant s'y adapter, on fermait le ballon avec son bouchon et on coulait dessus du verre fondu".

Quelques alchimistes préféraient au simple ballon de verre un appareil formé de deux matras, le col de l'un entrant dans le col de l'autre. "Il y a deux vaisseaux de même forme, grandeur et quantité en haut, où le nez de l'un entre dans le ventre de l'autre, afin que par l'action de la chaleur ce qui est en l'une partie monte dans la tête du vaisseau et, après par l'action de la froideur, qu'il descende dans le ventre". (Raymond LULLE: "Éclaircissement du testament"). De même : "les uns se servent de vaisseaux de verre ronds ou ovales. D'autres préfèrent la forme d'aludel; ils prennent un vaisseau dont le col court pénètre dans un autre vaisseau qui sert de couvercle, on les lute" (LIBAVIUS : "De lapide philosophorum").

On les scellait, soit par un lut résistant, soit en fondant le col du premier ballon sur le col du premier. Cette dernière disposition offrait les avantages suivants : les vapeurs se condensait plus facilement au contact des parois froides du ballon supérieur, puis, la capacité intérieure étant plus grande, l'appareil courait moins le risque d'éclatement.

Les alchimistes donnaient différents noms à l'Oeuf Philosophique. Selon Nicolas FLAMEL, il se nommait : sphère, lion vert, prison, sépulcre, fiole cucurbite, maison du poulet, chambre nuptiale. Les noms de, sphère, fiole cucurbite lui ont été donnés en rapport avec sa forme; l'expression "maison du poulet" est une périphrase; chambre nuptiale, prison, sépulcre sont des images très compréhensibles. Si l'on se rappelle que le soufre et le mercure, matières de la Pierre, étaient appelés "homme rouge", "femme blanche", l'Oeuf est une prison car une fois que les époux philosophiques (le roi et la reine) (Gabricius et Beïa) y sont entrés, ils sont détenus jusqu'à la fin de l'Oeuvre. Sépulcre, parce que les époux y meurent après s'être unis. Après leur mort, naît leur fils (la PIERRE PHILOSOPHALE), car toute génération procède de putréfaction, la mort engendre la vie selon une théorie en vogue au moyen-âge. Ce symbole du sépulcre est assez fréquent pour désigner l'Oeuf Philosophique.

L'Oeuf est encore nommé "chambre nuptiale", "lit nuptial", car c'est en lui que s'opère la fusion, la conjonction, du soufre et du mercure, l'union du roi et de la reine. Dans le "Songe vert", il est évoqué une maison de verre, fermée complètement, on y introduit les époux et l'on ferme la porte avec la matière même dont la maison est composée.

L'Oeuf est aussi appelé "matrice" par analogie, car "la matrice de la femme après qu'elle ait conçu, demeure close et fermée, afin qu'il n'y entre aucun air étrange et que la "fruiture" se perde. Ainsi notre Pierre doit toujours demeurer close en son vaisseau" (Bernard LE TREVISAN : "La parole délaissée"). Aussi on y enferme les deux spermes minéraux, soufre et mercure, d'où doit naître la PIERRE PHILOSOPHALE.

 Enfin, l'Oeuf était nommé "ventre de la mère", "mortier crible". Crible car les vapeurs qui s'élèvent, après s'être condensées, retombent goutte à goutte comme un liquide passant au travers d'un crible.

L'Oeuf rempli et fermé était placé dans un écuelle ou bassine contenant des cendres ou du sable fin. HELIAS, dans son "Miroir d'Alchimie", recommande de placer l'Oeuf dans une coupelle contenant des cendres tassées, de telle sorte que les deux tiers supérieurs seulement du ballon n'émergent. Certains Philosophes, au lieu du bain de sable, employaient le "bain marie", qu'ils appelaient "feu humide".

L'écuelle et l'Oeuf étaient logés dans un fourneau appelé athanor, immortel, car le feu, une fois allumé, devait brûler jusqu'à la fin de l'Oeuvre. Certains alchimiste on fait figurer dans leurs traités divers modèles d'athanor; un des plus curieux se trouve décrit dans le "Bouquet chymique" de PLANISCAMPI. Il se compose de deux fourneaux accolés, dans l'un deux, on fait du feu et les gaz provenant de la combustion, passant par un orifice de communication, vont chauffer l'autre fourneau.
L'athanor de BARCHUSEN est un fourneau ordinaire. Mais le véritable athanor, celui qui était connu des premiers alchimistes occidentaux, tels Albert LE GRAND, Roger BACON, Armand DE VILLENEUVE, est une sorte de fourneau à réverbère pouvant se démontrer en trois parties. La partie inférieure contient le feu, elle est percée de trous permettant l'accès de l'air et présente une porte. La partie médiane, cylindrique, offre trois saillies disposées selon un triangle sur lesquelles on dépose l'écuelle contenant l'Oeuf. Cette partie est percée de deux trous opposés, fermés par des disques de cristal, ce qui permet d'observer ce qui se passe dans l'Oeuf Philosophique. Enfin, la partie supérieure, pleine, sphérique, constitue un dôme ou réflecteur, réverbérant la chaleur. Tel était l'athanor généralement en usage. Les dispositions principales demeurent invariables et les divers changements que des alchimistes y ont apportés personnellement n'ont aucune importance. Ainsi, l'on trouve figuré dans le "Mutus Liber" un athanor assez élégant en forme de tour crénelée.

Le symbole du fourneau est souvent un chêne creux, on le trouve ainsi représenté dans les figures d'Abraham Le Juif. Les alchimistes donnaient à l'ensemble, fourneaux, Oeuf Philosophique, le nom de "triple vaisseau". "Ce vaisseau de terre est appelé triple vaisseau, car dans son milieu il y a une écuelle pleine de cendres tièdes, dans laquelle est placé l'Oeuf Philosophique" ("le livre de Nicolas FLAMEL").

Les alchimistes, si jaloux de tout ce qui concernait le Grand Oeuvre, n'ont eu cesse de ne dévoiler directement ni la composition du feu, ni les degrés de chaleur nécessaires pour l'Oeuvre. La connaissance de ces degrés était regardée par eux comme l'une des clés les plus importantes du Grand Oeuvre. "Beaucoup d'alchimistes sont dans l'erreur, parce qu'ils ne connaissent pas la disposition du feu qui est la clé de l'Oeuvre, car il dissout et coagule en même temps ce qu'ils ne peuvent saisir, parce qu'ils sont aveuglés par leur ignorance" (Raymond LULLE). En effet, la matière une fois préparée, la cuisson seule peut la changer en PIERRE PHILOSOPHALE. "Je ne vous commande que de cuire, cuisez au commencement, cuisez au milieu, cuisez à la fin, et ne faites autre chose" ("La tourbe des philosophes").

1 commentaire:

  1. cette article vient d'une page du livre theorie et symbole des alchimistes d'albert poisson

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