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LES SEPT METAUX, LE FEU CENTRAL ET LES INFLUENCES PLANETAIRES



Les alchimiste travaillent surtout sur les métaux, nous comprenons de ce fait qu'ils se sont largement étendus sur la genèse et la composition de ceux-ci. Ils en reconnaissent sept auxquels ils attribuent le nom et le signe de sept planètes connues. Or et Soleil, Argent et Lune, Vif argent et Mercure, Plomb et Saturne, Étain et Jupiter, Fer et Mars, et enfin, Cuivre et Vénus. Les métaux sont divisés en métaux "parfaits", à savoir l'or et l'argent, et les métaux imparfaits, se changeant en "chaux" (oxydes) au contact de l'air ou du feu et facilement attaquables par les acides. "L'élément feu corrompt les métaux imparfaits et les détruits, ces métaux sont au nombre de cinq. Les métaux parfaits sont inaltérables dans le feu" : PARCELSE; "Le ciel des philosophes".

Voyons dorénavant qu'elle est l'application de la Philosophie Hermétique aux métaux. Tout d'abord, les métaux doivent tous dériver d'un même source; la Matière Première. Les Philosophes Hermétiques sont du reste unanimes sur ce point. "Les métaux sont tous semblables dans leur essence, ils ne différent que par leur forme". (Albert LE GRAND : "De Alchimia"). "Il n'y a qu'une seule matière première des métaux, elle revêt forme selon le degré de cuisson, selon la force plus ou moins puissante d'un certain  agent naturel". (Aranuld de VILLENEUVE: "Le Chemin du chemin"). Cela dit, cette théorie est parfaitement applicable aux minéraux. "Il n'y a qu'une matière pour les métaux et les minéraux" (Basile VALENTIN) et enfin : "La nature des pierres est la même que celle des autres choses" (LE COSMOPOLITE).

Le message d'Albert LE GRAND est on ne peut plus explicite; La Matière est une pour tout ce qui existe, elle se différencie d'elle-même par la forme, c'est-à-dire que les atomes, identiques entre eux, affectent en se groupant  diverses formes géométriques et de là provient la différenciation d'entre les corps. En chimie, l'allotropie justifie parfaitement cette manière de voir.

Il s'ensuit que le soufre et le mercure, principes secondaires par opposition à la Matière, principe premier, ne représentent qu'un ensemble de qualités : "Et ainsi tu peux voir clairement que soufre n'est qu'une chose, à part hors de la substance du mercure, et que ce n'est pas soufre "Vulgal". Car si ainsi estoit, la matière des métaux ne serait point qu'une nature "homogénée", ce qui est contre les dire des Philosophes" (Bernard LE TREVISAN : "Livre de la philosophie naturelle des métaux"). Dans ce même ouvrage, Bernard LE TREVISAN revient sur un sujet important. "Le soufre n'est point autre chose qui ne soit divisée du "Vif Argent", ni séparée; mais est seulement cette chaleur et sécheresse qui ne dominent point à la froideur et l'humidité du mercure; lequel soufre, après avoir digéré, domine les deux autres qualités, c'est-à-dire moiteur et froideur, et y imprime ses vertus. Et, par ces divers degrés de décoction, se font les diversités des métaux".

Le soufre, de nature chaude, est actif, le mercure, de nature froide, est passif : "Je dis : Il y a deux natures, l'une active, l'autre passive. Mon maître me demanda quelles sont ces deux natures ? Et je répondit : L'une est de la nature du chaud, l'autre du froid. Quelle est la nature du chaud ? Le chaud est actif et le froid passif . (ARTEPHIUS "Clavis majoris sapientiae").

Le soufre ou le mercure peuvent dominer dans la composition des métaux. En un mot, certaines qualités peuvent l'emporter sur d'autres. Quant au sel j'ai déjà démontré que ce principe, inconnu des premiers alchimistes, même plus tard n'eut qu'une importance mineure ou restreinte, malgré les adeptes de PARACELSE. Le "sel" ou arsenic n'est que le lien qui unit les deux autres principes : "Le soufre, le mercure et l'arsenic sont les principes composant les métaux. Le soufre est le principe actif, le mercure le principe passif, l'arsenic est le lien qui les unit" (Roger BACON ). Cet éminent philosophe attachait lui_m^me si peu d'importance au "sel", que par ailleurs, il n'en fait pas mention comme principe composant. "Notez, dit-il, que les principes des métaux sont le mercure et le soufre. Ces deux principes ont donné naissance à tous les métaux et à tous les minéraux dont il existe pourtant un grand nombre d'espèces différentes." (Miroir d'Alchimie).

Donc, on peut avancer que tous les métaux sont composés de soufre et de mercure, tous deux réductibles à la Matière Première. "Car tous métaux sont de soufre formez et vif argent qu'ils ont. Ce sont deux spermes des métaux". (Nicolas FLAMEL : "Sommaire")

Le soufre est le père, principe actif des métaux et le mercure, principe passif est leur mère. Hors mis le "sel",  ma préoccupation première est la déclinaison de ces deux principes dans la genèse des métaux. Le soufre et le mercure existent séparément au sein de la Terre. Le soufre sous forme d'un corps solide, fixe, onctueux, le mercure, sous forme de "vapeur". "Le soufre est la graine de la Terre : épaissie dans les mines par une cuisson modérée, jusqu'à ce qu'elle durcisse; alors elle constitue le soufre." (Albert LE GRAND : "De Alchimia").

Attirés sans cesse l'un vers l'autre, ces deux principes se combinent, en diverses proportions, pour former métaux et minéraux. Mais il existe d'autres circonstances qui modifient l'affinité des deux principes : le degré de cuisson, la pureté, les "accidents" divers.. Les alchimistes admettent en effet l'existence d'un feu situé dans les entrailles de la Terre, ce qui induit que le mélange de soufre et de mercure, plus ou moins cuit et digéré, varie dans les propriétés. "On a observé que la nature des métaux telle que nous la connaissons est d'être engendrée par le soufre et le mercure. La différence seule de cuisson et de digestion produit la variété dans l'espèce métallique". (Albertd'Alchimie"). Ceci m'amène à penser que les métaux imparfaits naissent les premiers; ainsi, le fer se transforme en cuivre; puis, se perfectionnant, se change en plomb; ce dernier à son tour devient étain, mercure, puis argent et enfin, or. Les métaux parcourent une sorte de cycle; "Nous avons en effet démontré clairement dans notre traité des minéraux, que la génération est circulaire. On passe facilement de l'un à l'autre suivant un cercle. Les métaux voisins ont des propriétés semblables; c'est pour cela que l'argent se change facilement en or". (Albert LE GRAND: "Le composé des composés"). GLAUBER va plus loin, il émet l'opinion singulière que les métaux transformés en or, parcourent le cycle en sens inverse, devenant de plus en plus imparfaits jusqu'au fer, pour remonter ensuite en perfection et ainsi de suite indéfiniment.

Je ne puis terminer ce chapitre sans évoquer les influences planétaires qui interviennent dans la genèse des métaux. Au Moyen-Âge, on admettait une relation absolue entre tout ce qui avait lien avec la Terre et les planètes. J'ai évoqué ci-dessus que les sept métaux avaient comme symbole sept planètes qui leur donnaient naissance.

Les alchimistes reconnaissaient unanimement l'action des planètes sur les métaux; PARACELSE va plus loin et spécifie cette action. Selon lui, chaque métal doit sa naissance à la planète dont il porte le nom. Six planètes unies chacune à au moins deux constellations zodiacales apportent certaines qualités.

En conclusion, métaux et minéraux, formés à la base de la Matière Première, sont composés de soufre et de mercure. Le degré de cuisson, la pureté variable des composants, divers accidents, les influences planétaires, sont la cause des impondérables qui différencient les métaux les uns des autres.