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L ALCHIMIE MYSTIQUE

L'Alchimie fut mêlée, en raison de son origine, chez les Grecs à la magie et à la théurgie. Plus tard, grâce aux philosophes arabes, cette science s'épura. Mais c'est au XVéme ou XVIéme siècle qu'elle fut assimilée aux sciences occultes proprement dites.


Dès lors, un grand nombre d'alchimistes questionna la Kabbale, la Magie (blanche) ou bien encore l'Astrologie pour découvrir la clef du Grand Oeuvre. PARACELSE n'admettait parmi ses disciples, selon certains historiens kabbalistiques, que des personnes versées dans l'Astrologie, et comme il l'affirme lui-même : "Mais il me faut revenir à mon sujet pour satisfaire mes disciples que je favorise volontiers quand ils sont pourvus des lumières naturelles, quand ils connaissent l'Astrologie et surtout quand ils sont habiles dans la philosophie qui nous apprend à connaître la matière de tout". (PARACELSE : Le trésor des trésors).

Alors que ses prédécesseurs ou contemporains admettaient simplement l'action des astres dans la génération des métaux, PARACELSE allait plus loin et prétendait calculer quand et comment les planètes influaient sur les métaux. Suivant cette doctrine, certains alchimistes alliaient intimement l'Astrologie à l'hermétisme, ils ne commençaient donc jamais une opération sans s'assurer auparavant de l'influence favorable des planètes.

C'est encore à PARACELSE que l'on doit d'avoir introduit des données kabbalistiques dans l'Alchimie. Il a condensé ses doctrines occultes dans son "Traité de philosophie occulte" et dans ses "Archidoxes magiques".

Ceci m'amène donc à parler de la Kabbale. Cette science consiste à décomposer les mots, à additionner la valeur numérique des lettres et en tirer, selon des règles spéciales, toutes les déductions possibles. Ainsi, le nombre d'or pour les hébreux est "209", c'est l'ornement du règne minéral, il correspond à Iehovah dans le monde des esprits.

HOEFFER, dans son "Histoire de la chimie" à consacrer quelques pages à la Kabbale appliquée au métaux. L'Alchimie, science d'observation, ne pouvait à priori profiter en rien de son alliance avec la Kabbale purement spéculative. L'adjonction d'éléments étrangers ne devait que la rendre encore plus obscure. PARACELSE aurait-il donc eu tort sur ce point ?

Avant lui, B.VALENTIN avait fait quelques essais dans le même sens. Il décomposa le mot "azoth" de la façon suivante : "Azoth, commencement et fin, car il est A et O, présent en tout lieu. Les philosophes m'ont orné du nom d'Azoth, les latins A et Z, les grecs thau, les hébreux aleph, tous lesquels signifient et font Azoth" (l'azote des philosophes).

Après PARACELSE, on ne trouve guère que deux auteurs ayant traité spécialement de la Kabbale alchimique. Ce sont PANTHEE, prêtre vénitien, et Jean DEE, alchimiste et mathématicien anglais. PANTHEE a écrit deux traités, dans lesquels on y découvre que le nombre de la génération est 544 et celui de la putréfaction est 772, que le mercure, l'or et l'argent correspondent aux lettre hébraïques : "seth", "he", "vau", et autres rêveries semblables. Jean DEE dans son traité "La Monade hiéroglyphique" a essayé de constituer une Kabbale particulière à l'aide des symboles alchimiques.. Ainsi, pour lui, la symbolique du mercure représente la lune, le soleil est les quatre éléments. De plus, le signe du soleil représente la monade, figurée part le point autour duquel le cercle symbolise le Monde. Ce curieux traité se trouve imprimé dans le second volume du "Théatrum Chimicum".

Ces alchimistes et quelques autres, tels que KHUNRAT, MAYER, Blaise de VIGENERE, introduisirent dans la science une interprétation nouvelle de la théorie alchimique. Alors que les sciences exactes et naturelles procèdent par induction dt déduction, les sciences occultes procèdent par analogie; ils appliquèrent la méthode de l'analogie à l'Alchimie. Ainsi, ils pensaient qu'il existe trois Mondes; La matière, l'humain et le divin. Dans la matière nous avons le soufre, le mercure et le sel, principes de toute chose; l'humain, ou microcosme, le corps, l'esprit et l'âme réunis; dans le monde Divin, trois personnes en une seule : Dieu. "Ainsi est Trinité en unité et unité en Trinité, car là sont corps, esprit et âme, là est soulphre, mercure, arsenic" (Bernard le TREVISAN : "La Parole délaissée"). "Le Grand Oeuvre a, par suite, un triple but dans le Monde matériel : la transmutation des métaux pour les faire arriver en or, à la perfection; dans le microcosme, le perfectionnement de l'homme; dans le Monde Divin, la contemplation de la divinité dans sa splendeur". D'après la seconde acceptation, l'homme représente l'athanor des philosophes hermétiques où s'accomplit l'élaboration des vertus, c'est dans ce sens, selon les mystiques, qu'il faut entendre ces paroles : "Car l'Oeuvre est avec vous et chez vous, de sorte que le trouvant en vous-même, où il est continuellement, vous l'avez aussi toujours , quelque part où que vous soyez, sur terre et sur mer" (Hermes TRISMEGISTE, "Les sept Chapitres").

Les Alchimistes mystiques entendaient par soufre, mercure et sel, la Matière, le Mouvement et la Force. Le mercure, principe passif et femelle, la Matière; le soufre, principe actif et mâle, la Force qui façonne la Matière et lui donne toute espèce de formes par le moyen du Mouvement, qui est le sel.

Le sel, c'est le moyen terme, c'est le résultat de l'application de la Force à la Matière, symboliquement, c'est le nouvel être qui prend naissance par l'union du mâle et de la femelle. Cette haute théorie ne semble pas en contradiction avec la science actuelle. La chimie et la physique ne réfutent pas l'hypothèse d'un Matière unique. Hypothèse admise depuis longtemps par la métaphysique comme indispensable à l'explication du Monde. Le savant anglais CROOKES appelle cette Matière unique, le protyle; selon sa théorie, nos corps simples actuels ne sont que des polmères du protyle. D'autre part, il est très juste que la Matière n'agit, n'a de propriétés particulières, que lorsqu'elle est en Mouvement; par suite a 273° au-dessous de zéro, au zéro calorique absolu les propriétés chimiques sont nulles, l'acide sulfurique est sans action que la potasse caustique; enfin l'unité de la Force s'impose aussi au physiciens. Quel est le savant qui fait aujourd'hui une différence entre la cause du magnètisme de la chaleur, de l'éléctricité, de la lumière, du son. Les fluides n'existent plus, ils sont remplacés par des force réductibles les unes des autres; ce qui différencie la Force d'elle-même à nos yeux c'est le nombre de variation qu'elle imprime à tel ou tel corps. Et encore n'y a-t-il pas de limite absolue, un corps vibrant ou en mouvement, ce qui revient au même, produit d'abord un son; que les vibrations deviennent plus nombreuses, le corps s'échauffe sensiblement et bientôt il se produit des phénomènes lumineux. Où finit le son, où commencent la chaleur et la lumière ? Il n'y a pas d'intervalle.

Il faut ajouter que les Alchimistes n'avaient entrevu cette théorie que partiellement. L'état des sciences à leur époque ne leur permettait pas de donner à cette théorie le développement que nous lui avons donné. Pour eux, comme nous l'avons démontré, la Matière était unique en principe, ils l'appelaient Matière Première ou "Hyle". Ils reconnaissaient aussi une Force universelle, BAUDOIN, l'appelle magnétisme universel, souffle magnétique. Pour les mystiques, la Force est le souffle de Dieu, principe premier de la vie, du mouvement.PARACELSE l'appelle "archée". L'"archée" c'est la Force toujours active, qui, en s'appliquant à la Matière, la met en mouvement, lui donne une forme. Les termes de "ares" et "clissus" ont chez PARACELSE à peu près le même sens.

Quant au Mouvement ils l'assimilaient au feu, ce qui est en effet l'image la plus parfaite de la Matière actionnée par la Force.

Telle était la haute théorie alchimique que peu d'adeptes ont possédée. Que l'on ne s'étonne pas de cette synthèse, dont le raisonnement avait suffi aux Alchimistes, comme il suffit jadis à PYTHAGORE, DEMOCRITE, ou  encore à PLATON pour s'élever à la conception des plus hautes vérités.

Les Alchimistes représentaient cette théorie par un triangle, symbole de l'équilibre absolu. Au premier angle, le signe du soufre symbole de la Force, au second, le signe du mercure, la Matière, au troisième le signe du sel, le Mouvement.