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TRAITE DU CIEL TERRESTRE



Vinceslas LAVINIUS de Moravie (1612)



Je vous livre ici, sans commentaire aucun, un traité de pure philosophie hermétique très couru des initiés. Je vous laisse donc le soin d'en tirer tous les enseignements qu'il convient.

"Il y a un seul Esprit Corporel que la Nature a premièrement créé, qui est commun & caché, & qui est le baume précieux de la vie, qui conserve ce qui est pur & bon, & détruit ce qui est impur & mauvais. Cet Esprit est la fin & le commencement de toute créature, triple en substance, car il est fait de Sel, de Soufre, & de Mercure, ou d'Eau pure; qui d'en haut coagule, unit, assemble & arrose trous ces bas lieux, par un sec onctueux et humide. Il est propre & disposé à recevoir quelque forme & figure que ce soit. Il n'y a que l'Art, qui par l'aide & l'entremise de la Nature, le rend visible à nos yeux. Il cèle & cache une vertu infinie. Car c'est une chose qui est pleine & remplie des propriétés du Ciel & de la Terre. Elle est hermaphrodite, & elle donne l'accroissement de toutes choses, se mèlant indifféremment avec elles; parce qu'elle tient renfermée en soi, toute les semences du globe "éthérée". Car elle est pleine d'un feu subtil & puissant, & en descendant du Ciel, elle influe et imprime sa force sur les corps de la Terre, & son ventre qui est poreux est tout plein d'ardeur, & il est le père de toutes choses. Alors ce ventre se remplit d'un autre feu vaporeux, & sans cesse il reçoit son aliment de l'humeur radicale, qui dans ce vaste corps, se revêt du corps de l'Eau minérale, ce qu'il fait par le moyen de la concoction de son feu chaud. Cette Eau qui peut être coagulée, & qui engendre toutes choses, devient une terre pure; qui par une forte union, tient la vertu des plus hauts cieux renfermée en soi. Et parce que dans cette même Terre elle est unie & conjointe avec le Ciel; c'est pour cela que je lui donne ce beau nom, "le Ciel Terrestre".

De même qu'au commencement, la première Nature se servit de la séparation, pour orner et arranger la masse qui était en désordre & en confusion : ainsi l'Art qui aime la perfection, doit imiter la Nature. La Nature ôte l'excrément substantiel; ou par un limon terrestre, qu'elle convertit en eau; ou par adustion, l'Art se sert de lotion, & de digestion; soit par l'eau, soit par le feu; et sépare l'ordure & l'impureté, en purifiant & nettoyant l'Ame de tout vice. Celui donc qui sait la manière de se servir de l'Eau, & du Feu; il sait le véritable chemin qui le conduit aux plus hauts secrets de la Nature.

L'Eau, ce grand corps, cette première créature de Dieu, fut remplie d'Esprits dés le commencement; ayant toutes sortes de formes en semence, & en vivifiant par le mouvement, elle anime tout, & elle produit toutes choses dans la lumière du Ciel et de la Terre. L'Eau est la nourrice de tout ce qui vit dans ces deux lieux. Dans la Terre, c'est une vapeur. Dans les cieux, c'est proprement un feu, triple en sa substance, & première matière : Parce que de trois, & en trois, tous les corps procèdent, & s'éloignent de la Nature. Elle contient un baume, qui a pour son père le Soleil & la lune. Par l'air elle germe dans les lieux bas, & elle cherche les lieux hauts & fort élevé. La Terre la nourrit dans son ventre chaud, & elle est la cause de toute la perfection.

Le grand Dieu qui donne la vie à tout, a établi deux remèdes pour les Esprits & pour les Corps, c'est à dire deux choses qui les purifient & les nettoient de leurs impuretés, & c'est la cause pourquoi la corruption dispose & tend à une nouvelle vie. Les Métaux ont ces deux choses en eux; & ces deux chosessont cause de la réparation; & elles participent de la Terre et du Ciel, afin qu'ells unissent & lient ensemble les deux autres extrémités. C'est pourquoi ces deux choses sont descendues du Ciel en Terre, & ensuite elles retournent au Ciel, afin qu'elles fassent paraître leur puissance dans la terre. De même que le Soleil dissipe les nuages & illumine la terre : ainsi cet Esprit étant préparé de cette sorte, & séparé de ses nuages, il illumine tout ce qui est obscur. Dans cet Esprit, il faut considérer deux formes, dans son suc, & dans son venin. Son suc est double qui conserve tous les corps, par un Sel amer. Son venin qui est pareillement double, les consume & les détruit.

Ce sont là les facultés qui sont renfermées dans le limbe & dans le Cahos, qui a les mêmes effets, lors que l'on le tire de la terre. Mais lorsqu'il est préparé, par la séparation du bon d'avec le mauvais, il fait paraître sa force & sa puissance, sur les parfaits & les imparfaits.

J'habite dans les Montagnes, & dans la Plaine. Je suis Père avant d'être Fils. J'ai engendré ma Mère; & ma Mère, ou mon Père, m'a porté dans sa matrice, en m'engendrant, sans avoir besoin de Nourice. Je sui hermaphrodite, & j'ai les deux Natures. Je suis victorieux sur tous les Forts, & je suis vaincu par le plus Faible. Et il ne se trouve rien sous le ciel de si beau, ni qui ait une figure si parfaite.

Il nait de moi un oiseau admirable qui de ses os, qui sont mes os, se fait un petit nid, ou volant sans ailes, il se revivifie en mourant, & l'Art surpassant les lois de la Nature, il est à la fin changé en un Roi qui surpasse infiniement en vertu les six autres."

Voici donc un excellent traité comprenant toute la symbolique alchimique



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