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LA TOURBE DES PHILOSOPHES


La "Turba Philosophorum", ou "Assemblée des Philosophes", serait un traité arabe célèbre du IXème siècle. Sa version latine et quelques fragments en arabe montre que l'original devait être très volumineux. Il s'agit d'une oeuvre" pseudépigraphique" qui représente un compte-rendu d'une assemblée de philosophes grecs sous l'égide de Pythagore. C'est ouvrage est donc anonyme, mais certainement pas sans réel fondement.

Je vous en livre ici certains passages qui me semblent majeurs et qui appellent le respect et la méditation. A cette occasion, je vous fais part de mes propres commentaires. Attention, ceux-ci ne sont forcément paroles vraies et définitives, ce ne sont que quelques réflexions.

L'assemblée des disciples de Pythagoras, appelée le Code de Vérité

Arisleus dit : "Je vous dit que notre maître Pythagoras est le pied des prophètes, et la tête des sages, et qu'il a eu tant de dons de Dieu, et de sagesse, que personne après Hermès n'en a eu tant que lui. Il a voulu donc assembler ses disciples qui étaient envoyé par toutes les régions et provinces, pour traiter de ce précieux art, afin que leurs paroles servent de règle à ceux qui viendront après eux. Et il a commandé qu'Iximedrus parlait le premier, qui était de très bons conseils, lequel dit :"
"Toutes choses ont un commencement et une nature, laquelle d'elle-même est suffisante sans aide d'autre de se multiplier à l'infini, autrement tout serait perdu et corrompu."

La Tourbe dit : "Maître, si tu commences nous en suivrons tes paroles" Et Pythagoras dit : "Jamais il ne se fait de vraie teinture sinon de notre Pierre rouge. Que si vous ne changez cette Pierre rouge en blanc, et si ensuite vous ne la faites encore rouge, et ainsi, si vous ne faites teinture de teinture, vous ne faites rien. Cuisez donc cette Pierre et la rompez et lui ôtez sa noirceur en cuisant et en la lavant jusqu'à ce qu'elle soit blanche, et puis la redresser comme elle doit."

-Nous pouvons donc affirmer que la première Matière serait à l'évidence "rouge". Il faudrait la cuire afin de la réduire en" poudre" et la laver pour la rendre "blanche". Ensuite, nous devons reformer la Matière en Pierre et lui rendre sa couleur "rouge", toujours par le procédé de la cuisson. Nous n'avons bien évidemment aucun renseignement sur le temps et le degré exact de cuisson.

Arisleus dit : "La clef de cette oeuvre est l'art de "blanchir". Prenez donc le corps que je vous ai montré, et en faire subtiles tablettes,et les mettez en eau de notre marine, laquelle eau est permanente. Puis mettez tout à feu lent, jusqu'à ce que les tablettes soient rompues, et réduites en eau. Mettez et cuisez continuellement à léger feu, jusqu'à ce qu'il se fasse bouillon poivreux et le cuisez et le tournez en son eau, jusqu'à ce qu'il soit congelé. Cuisez le jusqu'à ce qu'il n'y ait rien de noir et que la blancheur apparaisse. Cuisez avec la gomme de l'or, et mettez tout par feu sans y toucher, jusqu'à tant que tout soit fait rouge. L'abreuvez de son eau qui est sortie de lui, qui est eau permanente. Vous cuirez avec l'eau permanente qui est toujours avec lui et digérez et cuisez jusqu'à ce qu'il soit desséché. Faites ceci continuellement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'humidité, et que tout se fasse une poudre très subtile."

-L'eau permanente est donc un jus issu de la cuisson de la Matière, laquelle deviendra tout d'abord grasse, avec sa noirceur, avant que le "blanc" n'apparaisse. En cuisant avec l'âme de l'or, il en adviendra le "rouge". La Matière sera remise en poudre par une cuisson ayant pour but d'absorber ou de chasser tout l'eau permanente. Le "rouge" primordial doit en fait être défait de son âcreté et de sa noirceur (impuretés) en faisant subir à la Matière différents bains avec sa propre eau afin de la blanchir et de la remettre au "rouge" final, tout en l'ayant réduit en poudre, donc absorbé l'humidité.
Nous apprenons de surcroît dans ce passage que le feu de cuisson doit être doux et lent. De plus, nous savons depuis toujours que l'invention du "bain-marie" est due aux alchimistes.

Parmenides dit : "Faites le "blanc" "rouge". Connaissez et avisez premièrement ce qu'est le plomb et l'étain l'un après l'autre, et sachez que si vous ne prenez les natures, et vous ne conjoigniez les parents avec leurs proches parents et qui sont de même sang, vous ne ferez rien; car les natures se rencontrent et se poursuivent l'une l'autre. Se pourrissent et s'engendrent. Regardez donc les paroles des sages, comme ils ont compris toute l'oeuvre en ces paroles : Nature s'enjoint en nature, nature surmonte nature, et nature contient nature. Prenez l'eau vive et la congelez dans son corps, et en son soufre qui ne brûle point, et faites nature blanche, et ainsi tout deviendra "blanc". Et si vous cuisez encore plus, il se fait rouge, et l'eau de mer devient rouge et de couleur sang, et c'est signe que Dieu a fait tout son temps. Mais auparavant le Soleil perdra sa lumière, et la Lune fera la fonction du Soleil, et puis pareillement aussi la Lune s'obscurcira et se tournera en sang, et toute la mer et toute la terre se fendra [...] et le corps, l'esprit et l'âme seront en unité glorifiés."

-En ce qui me concerne, je pense que ce passage a pour but de définir que la teinture au "rouge" passera au "blanc", et du blanc deviendra rouge. Il m'apparaît que dans l'art du Grand Oeuvre, cette opération est répétitive. Il faut connaître la nature des métaux, ou corps, et approcher leurs points communs. L'eau vive représente de toute évidence dans ce passage l'Argent Vif qu'il faut fixer et mêler avec le soufre qui ne brûle point, c'est-à-dire purifié des ses impuretés et de sa "terrestréité".
Ainsi nous obtenons dans un premier temps, par la cuisson des deux, une couleur blanche puis une couleur rouge. La Matière est apparemment issue de l'or dans un premier temps, ensuite de l'argent. La Matière Première est l'Argent Vif.

Lucas dit : "Sachez que le corps et l'esprit s'aident l'un à l'autre, l'esprit rompt premièrement le corps, afin qu'il lui aide par après. Quand le corps est mort, abreuvez le de son lait qui est en lui, et prenez garde que l'esprit ne s'enfuit, mais tenez le toujours joint avec son corps; et si l'un fuit le feu, et que l'autre le souffre bien; quand ils sont tous deux joints ensemble, tous deux souffrent bien le feu : et sachez qu'une partie du corps en surmonte dix de l'esprit et le fortifie; et sachez que notre soufre brûle tout et qu'il se fait lui-même depuis le commencement jusqu'à la fin, en lui aidant selon nature."

-Les esprits sont le soufre et le mercure, ils sont issus des corps, ou métaux. Quand le métal est mortifié, il faut l'abreuver d'un Argent Vif pure et rendu fixe, à savoir en lui ayant ôté ses impuretés et sa volatilité. Pour une partie de métal, il faut dix parties d'Argent Vif. Le soufre contenu dans le corps doit être travaillé et retravaillé du début de l'oeuvre, jusqu'à la fin.

Le Vicaire dit : Sachez que sans feu, rien n'est engendré, mettez votre composition en son vaisseau, et faites feu modéré tout par tout. Prenez garde que le feu soit lent, car si vous le faites plus fort qu'il ne faut, il sera "rouge" avant son temps. Car premièrement nous le voulons "noir", et puis "blanc", et puis "rouge. Car vous n'avez pas à travailler de plusieurs choses, mais seulement d'une, laquelle s'altère de degrés en degrés jusqu'à la perfection.

-Il nous est suggéré dans ce passage la façon de "faire" le feu de cuisson, ainsi que les différentes teintures par lesquelles passe le mercure dans les différents stades de cuisson. Mais nous n'avons toujours point de température indiquée, si ce n'est que le feu est modéré, voire faible, donc long.

Pythagoras dit : "Disons autres choses qui ne sont pas autres choses, mais les noms sont autres et différents. Cette chose fuit et atteint son compagnon sans feu comme l'aimant attire le fer. Et cette chose en l'embrasement fait apparaître plusieurs couleurs et est trouvée par tout. Fendez donc la "Geline" noire, l'abreuvez de lait, et lui donnez de la gomme à manger, afin qu'elle se guérisse, et gardez son sang dedans son ventre, et la nourrissez de tant de lait, qu'elle perde et mue les plumes noires, et perde ses ailes et ne vole plus. Alors vous la verrez belle et qu'elle aura les plumes blanches et reluisantes; alors donnez lui à manger du safran et de la rouille de fer; et puis lui donnez à boire du sang, et la nourrissez, ainsi par un long temps, et puis la laissez aller."

-L'Argent Vif doit être nourri de l'âme de l'or et abreuvé de son eau, afin de lui ôter sa volatilité et devenir "blanc". Je pense que l'allusion faite au safran est loin d'être anodine, quant à penser qu'à l'époque du moyen-âge ce produit était très rare. A ce stade il faut ajouter un soufre non combustible.

Acsubofes dit : "Maître tu as dit sans envie, ce qu'il appartient de dire. Dieu te récompense."


Pythagoras dit : "Et toi Acsubofes dit ce qu'il t'en semble;" et il dit : "Sachez que le soufre contient soufre, et une humidité contient l'autre."

-Le soufre doit être travaillé sans aucun artifice. L'humidité issue de la cuisson de l'Argent Vif lui permet de perdre son principe volatil.

La Tourbe dit : "Est-ce tout ? Tu ne dis rien de nouveau." Et il dit : "L'humidité est un venin, lequel quand il pénètre le corps, il le teint d'une couleur invariable. Car quand l'un fuit et l'autre fuit; l'un prend l'autre et ne fuient plus, pour ce que sa nature a pris son pareil, comme son ennemi, et se sont entre-tués. Confisez le en "urine d'enfant", et en "eau de mer", et en "eau permanente", avant qu'il soit teint, et le cuisez à petit feu, jusqu'à ce que la noirceur apparaisse; car alors il est certain que le corps est dissout et pourri. Et puis cuisez le avec son humeur, jusqu'à ce qu'il vête une robe rouge, et toujours cuisez plus, jusqu'à ce que vous y voyez la couleur "serpentine" que vous demandez."

-La Matière Première étant issue de l'or et de l'argent, il convient de procéder à la dissolution de ces corps. La cuisson de l'Argent Vif devant s'opérer avec l'humidité ou eau permanente. Cela semble répétitif, cependant, je pense que d'autres réflexions peuvent y être apportées.

Sictus dit : "Le fondement de cet art , pour lequel tout le monde pense, n'est qu'une chose."


Pythagoras dit : "C'est vinaigrettes aigre qui rend le corps noir, blanc et rouge et de toutes couleurs, et convertit le corps en esprit. Et sachez que la première humeur est froide. Gardez-vous donc de faire le feu trop fort au commencement. Dieu m'eut ouï, il me montra une eau nette, que je connus qui était pur vinaigre et après plus je lisais les livres, plus je les entendais."

-De part la dissolution des corps, s'obtient la Matière Première. Laquelle Matière Première doit toujours être livrée par un feu doux et lent. Enfin, il n'y a que par la méditation intense qui permettra de comprendre les fondements de l'Art.

Socrates dit : "Sachez que notre oeuvre est faite de mâle et de femelle; cuisez les jusqu'au noir, puis jusqu'au blanc, cuisez tout cent cinquante jours. Je ne vous commande que cuire; cuisez au commencement, cuisez au milieu, cuisez à la fin; car nature se parachèvera bien."

-Le principe mâle est bien entendu le soufre, le principe femelle, le mercure impur. Il nous est apporté dans ce commentaire une indication "précise" du temps de cuisson, à savoir cent cinquante jours. Mais attention aux facéties des alchimistes, qui, en produisant des indications claires, peuvent en fait cachez la vérité.

Zenon dit : "Sachez que l'année est divisée en quatre partie. L'hiver est de complexion froide, pluvieuse et aquatique. Le printemps est un peu "chaudelet". Le troisième est chaud, à savoir l'été. Le quatrième est fort sec et on y cueille les fruits, car ils sont murs. En cette manière gouvernez vos natures et non autrement, sinon ne vous en prenez qu'à vous-même, non pas à nous."

-L'allégorie sur les saisons semble représenter le cycle des différentes cuisson et le régime de feu approprié.

La Tourbe dit : "Tu parles bien, dit encore quelque chose". Et il dit : "C'est assez".


Platon dit : "Notre gomme caille notre lait, et notre lait dissout notre gomme, et ils croissent dans la pierre de paradis, qui est le bois de vie, en laquelle pierre il y a deux contraires ensemble, c'est à savoir feu et eau. Celui-ci vivifie celui-là, et celui-ci tue celui-là, et ces deux étant conjoints demeurent toujours, dont il apparaît rougeur orientale et rougeur de sang. Et notre homme est vieux et notre dragon jeune, qui mange sa tête avec sa queue. Le corbeau volant par l'air et au temps d'août, mue sa plume en un creux de chêne."

-La gomme, représentant l'âme de l'or, congèle la Première Matière, laquelle en l'occurrence dissout l'or. Un dragon se mordant la queue symbolise l'unité de la Matière. Quant au corbeau, il représente la putréfaction et la couleur noire.

Théophilus dit : "Tu a parlé bien obscurément."


Platon dit : "Faites de votre corps tablettes menues, et cuisez les avec le venin, deux à sept et deux, c'est tout. Cuisez le en cette eau quarante jours et tirez votre vaisseau. Lavez le en le cuisant tant qu'il n'y ait point de noirceur. Mais premièrement après qu'elle est pourrie, jetez un peu de sel blanc pour la sécher, et qu'elle ne pue point, et alors vous trouverez ce que je vous ai dit. Cuisez la jusqu'à ce qu'elle soit comme une manne blanche, et puis encore recommencez jusqu'à ce que vous voyez apparaître diverses couleurs."

-L'or est donc réduit en petites tablettes cuitent pendant quarante jours avec l'eau de sublimation de l'Argent Vif. Cette opération devant se poursuivre en fait jusqu'à ce que la noirceur de la putréfaction disparaisse. Pendant la phase de putréfaction, pour la première fois il est fait référence au "sel", au "venin". La matière ainsi obtenue, une fois congelée, ressemble à une graisse ou poix fondue. La cuisson continuelle de cette matière devant faire apparaître le "blanc" et diverses teintures, mais il est loin d'être certain que nous sommes arrivés au "rouge" final.

La Tourbe dit : "Tu a très bien parlé."


Notius dit : "En l'homme il y a deux digestions, la première se fait en son estomac et est blanche; la seconde se fait dans le foie et celle-là est rouge. Quand je me lève le matin, et que je vois mon urine blanche, je me remets au lit, et j'y demeure trois ou quatre heures d'avantage, quand je la regarde à midi, est rouge comme sang, car elle est fort cuite. La première ne fut cuite que trois heures, et pour ce elle était encore blanche et crue; mais après par quatre heures, elle est très bien cuite et couleur de sang."

-L'enseignement a retirer de ces quelques lignes semble être la durée de cuisson du soufre (l'homme) afin d'obtenir la couleur rouge. Je pense qu'il est très important de prêter attention aux heures et périodes d'une journée qui nous sont indiquées par Notius.

Bele dit : "Mais moi je dit que tous métaux sont imparfaits durant qu'ils sont en noirceur, et pour ce le plomb n'est pas parfait parce qu'il est noir. Blanchit donc le plomb, et ôte la rougeur du "laton", et rougis la Lune et c'est tout."

-De tous les métaux imparfaits, le plomb est certainement celui qui a le plus de propriétés à la transmutation. L'argent, en tant que métal parfait, a seulement besoin d'obtenir la teinture rouge pour devenir équivalent à l'or.

Boscotus dit : "Sachez, vous qui cherchez ce précieux Art, que si vous n'ôtez l'esprit du corps mort, et ne le cachez en un autre esprit, et puis si de tous deux n'en faites une âme, vous ne faites rien. Tuez donc le corps et le pourrissez, et tirez de lui l'esprit blanc, et l'âme le glorifiera."

-L'Argent vif obtenu à partir de l'or lui-même, est en contradiction au Vif argent ou mercure vulgaire qui lui est contenu dans les corps eux-mêmes. La dissolution des corps permet d'obtenir la Matière Première et ainsi les vivifier.

Melotus dit : "Il vous faut pourrir tout par quarante jours, et puis le sublimer neuf fois en son vaisseau, puis encore pourrissez le et le confisez, et pour loi sachez qu'il teint tout ce dans quoi il entre, et infiniment."

-Ce passage semble assez explicite en ce qui concerne la durée de putréfaction et le nombre de sublimation à effectuer, à priori, cinq sublimations suffisent.

Grégorius dit : "Notre Pierre est appelée Epheddibuts, c'est-à-dire vêtement de pourpre et n'est autre chose que tuer le vif, et vivifier le mort, en vivifiant le mort, tu tuez le vif. Et saches que c'est tout en un..."

-La Pierre naît des corps mortifiés.

Le Vicaire dit : "Vous parlez beaucoup clair."

-Cette phrase signifie exactement  son contraire.

Bele répond : "Quand la Lune est en conjonction, elle n'a point de lumière, mais quand elle est en vis à vis du Soleil, elle est claire. Et si ce n'était l'air qui est entre nous et le feu, le feu consommerait tout."

-Il nous faut retenir trois points importants : la Lune est l'argent, le Soleil, l'or; la différence entre ces deux corps parfaits est peut-être tout simplement et seulement un soufre non combustible.

La Tourbe dit : "Vicaire vous parlez négligemment et peu". Et il dit : "La première fois que je parlerai, je dirai les poids et le régime, les couleurs, le temps et les lieux de notre "venin". Que chacun de vous parle à son plaisir, j'ai dit le mien."

Bonellus dit : "Prenez le royal Corsufle qui est rouge, et lui donnez de l'urine de veau jusqu'à ce que sa nature soit convertie, car nature convertie nature et la transmue. Et la nature est cachée dans le ventre de Corsufle. Nourrissez la jusqu'à ce qu'elle soit d'ange et grande, et qu'elle puisse aller d'elle-même."

-Au sujet de la préparation du soufre tiré des corps.

Brimelius dit : "Prenez la matière que chacun connaît, et lui ôtez sa noirceur, et puis lui fortifiez son feu à temps, car déjà elle le peut souffrir, et il viendra diverses couleurs; le premier jour safran, le second comme rouille, le troisième comme pavot du désert, le quatrième comme sang fortement brûlé. Quand il est ainsi, alors le corps est spirituel, teignant et purifiant tous les imparfaits. Vous avez tout le secret."

-Les différentes teintures que peut supporter le soufre issu du métal parfait, afin de convertir les métaux imparfaits.

Arisleus dit : "La Pierre est une mère qui conçoit son enfant et le tue, et le met dans son ventre. La mère engendre le fils, et le fils engendre sa mère et la tue.

-Les corps engendrent les principes que sont le soufre et le mercure des philosophes. Ces principes régénèrent les corps afin de leur donner la perfection.

La Tourbe dit : "Sachez fils de doctrine que notre Pierre est faite de deux choses seulement."

Baleus dit : "Je vous dis que la mère porte le deuil de la mort de son fils, et le fils porte une robe de joie couleur de sang de la mort de sa mère; et ainsi ils se récompensent. La mère est toujours plus pitoyable envers l'enfant, que l'enfant envers la mère."

-Le soufre et le mercure des philosophes, de la putréfaction deux corps est extrait les deux principes.

Sticos dit : "Si vous n'ôtez le feu qui est enfermé dans le corps, et ne le joignez avec l'eau, vous ne faites rien. Partant, je vous commande que vous laviez par feu votre matière, et la cuisiez par l'eau; car notre eau la cuit et la brûle, et notre feu la lave et la dépouille."

-Non combustibilité du soufre et le mercure vulgaire devant être lavé par cuisson et sublimé par un "bain-marie".

Bonellus dit : "Sachez que notre eau n'est pas l'eau vulgaire, mais c'est une eau permanente. Et lui et elle font font une chose tant seulement, elle le parfait, et lui la parfait sans autre chose quelconque, et tout ce fait eau premièrement couverte de noirceur, et quand vous le voyez noir, sachez que la noirceur ne dure que quarante jours ou quarante deux au plus. Puis vous le verrez blanc et épais, et c'est signe que le fixe commence à avoir domination sur l'humide, et que le sec boit le froid, et le chaud le congèle de lui-même."

-Ce passage semble on ne peut plus explicite quant aux différents stades et la durée de la sublimation de l'Argent vif.

Sistocos dit : "Notre matière n'est qu'une, c'est à dire eau. Vous voyez que je ne vous commande que cuire car le feu lent est tout."

-Le mercure des philosophe atteindrait donc le stade liquide, ou eau, ôté de son principe volatil, et capable de pénétrer les corps, ou métaux, par cuisson fort lente.

Ephistas dit : "Sachez que le feu léger est cause de perfection. Cuisez donc premièrement par un feu lent, jusqu'à ce que tout puisse souffrir un feu fort. Car le corps ne peut cuire l'eau par tout elle, ni entièrement, et le feu qui est enfermé dedans le corps n'est point réveillé ni excité si le corps n'est dissout."

-Il semble plus facile de comprendre les degrés de cuisson capable d'ôter la combustibilité du soufre contenu dans les corps, ou métaux.

Morien dit : "L'eau teint l'eau, et une humeur teint l'autre, et un soufre l'autre, et le "blanc" blanchit le "rouge" petit à petit; aussi pareillement peu à peu le "rouge" rougit le "blanc", et l'un rend l'autre volatil et puis l'autre fixe, et puis se fait en une moyenne substance parfaite, plus que ni l'une ni l'autre toute seule auparavant."

-Le soufre et le mercure sont complémentaires. L'un rend fixe l'autre, et l'autre rend non combustible l'autre. Le mercure donnerait la teinture au "blanc", puis au "rouge", et le soufre ???

Basem dit : "Qui n'aura patience n'entrera point dan cet art."

Bele dit : "Mais je vous dit que Dieu a créé tout le monde de quatre éléments."

-Terre, Air, Eau, Feu.

Azarme dit : "Quand Dieu fit le monde, il le fit tout rond pour plus comprendre."

Le Vicaire dit : "Je vous commande fils de doctrine, congelez l'Argent Vif. De plusieurs choses faites deux, trois et trois en un. Un avec trois c'est quatre. 4,3,2,1 de 4 à 3 il y a un, de 3 à 4 il y a un. Donc 1 et 1, 3 et 4; de 3 à 1, il y a deux; de 2 à 3, 1; de 3 à 2, 1; 1,2 et 3 et 1. 2 de 2 et un, 1 de 1 à 2, 1, donc 1. Je vous ai tout dit."

-Merci pour ce cours d'arithmétique, néanmoins, l'Argent Vif devant être congelé, il nous est enseigné dans ce passage, de part la suite des nombres, que l'unité de la Matière fait un.

Sirus dit : "Sachez fils de doctrine, que l'enfant est engendré d'homme et de femme, et si les deux "spermes" ne sont conjoints ensemble, vous ne faites rien. L'un est chaud et sec, l'autre froid et humide. lors peu à peu la substance de la femme jeune augmente le "sperme" et le nourrit et engrossit, et se convertit par l'oeuvre du "sperme" de l'homme et de la chaleur naturelle, en l'aide du composé ensemble, et se cuit, et digère, et subtilise, et purifie, jusqu'à ce que l'esprit ait mouvement dans cette composition. Aux premiers quarante jours il y a mouvement, et aux autres jours il se fait un lait puis un sang. Et alors les purgations qui étaient sales et sanguines et noires de putréfaction, se blanchissent par décoction et sont portées blanches aux mamelles, de quoi après se nourrit l'enfant. Nous ne faisons autre chose, sinon d'administrer à la nature la matière, dont elle-même elle puisse travailler à son intention, comme vous voyer en toute génération."

-La PIERRE PHILOSOPHALE est symbolisée par un enfant, un homme et une femme représentent le soufre et le mercure des philosophes. Le premier esprit est chaud et sec, le second froid et humide. L'eau de sublimation augmente la nature du mercure, et la chaleur du soufre le purifie et le rend subtile. "La semence pourrit et meurt afin de mieux donner naissance."

Basem dit : "Tu as été trop hardi, notre maître n'entendait pas qu'on parlât si clairement." Et il dit : "Et notre maître le dit plus clairement en disant; Notre médecine se peut faire en tous lieux, en tout temps, en toutes heures, et de toutes gens et est trouvée partout, et il n'y a rien à faire. Mais ceux qui disent cela, ce n'est que pour cacher la science."

Lanus dit : "Sachez que notre oeuvre est faite de 3, de 4, de 2, et d'un, et le feu est un et est deux, et les couleurs trois, et les jours 7 et 3 et 4 et un et 'entendez. E t sachez que le vinaigre, si vous faites trop de feu, s'envole, et vous trouverez au-dessus de la maison comme petits monts blancs, car le vinaigre est spirituel et s'envole. Par quoi je vous commande que vous le gouverniez sagement et par petit feu, car petit feu est toujours cause seulement de recueillir la chaleur du soufre dissout. Dieu créa une masse et sept planètes, et quatre éléments et deux pôles."

-Le feu se fait de deux façons, par feu doux et "bain marie", cependant, il n'y en a qu'un, car quelque soit le procédé, le feu ne devra jamais être très violent. Les couleurs sont de l'ordre de trois : le noir, le blanc et le rouge. Les sept planètes, comme dit précédemment, sont le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Saturne et Jupiter, symbolisant les sept métaux. Les quatre éléments, Terre, Air, Eau, Feu. Enfin les deux pôles semblent êtres les deux principes, à savoir, le soufre et l'Argent Vif.

Acsubofes dit : "Mettez l'homme rouge avec sa femme blanche en une maison ronde, environnée de chaleur lente continuellement, et les y laisser tant que tout soit converti en eau, non pas vulgaire, mais philosophique. Vous verrez noirceur dessus, laquelle est signe de pourriture, et dure quarante ou quarante deux jours. Et sachez que la fin n'est que le commencement. Voyez noir, voyez blanc, voyez rouge, c'est tout, car cette mort est vie éternelle après la mort glorieuse et parfaite."

-Le soufre et le mercure des philosophes doivent être placés dans un vaisseau de forme ronde, cucurbite ou autre, mais en verre, que la chaleur d'un "bain-marie" devra environner. La noirceur, signe de la putréfaction, apparaîtra au bout de quarante ou quarante deux jours, cependant méfions-nous de l'hermétisme des philosophes. Enfin le composé se teindra de "blanc" puis de "rouge".

La Tourbe dit : "Et sachez que notre oeuvre doit cuire sept fois, et qu'à chacune des sept, il faut lui donner une couleur jusqu'à la perfection. Et quand il est parfait, c'est une teinture vive plus excellente qu'elle ne peut entrer en t^te d'homme. Ils diraient qu'il n'est pas possible, par si petit régime, de faire une chose si précieuse."

-Bien que se passage semble assez explicite sur le nombre de cuisson et le régime de feu, je ne sais en rien si sept fois représentent des heures, des jours, ou des mois.

Théophilus dit : "Sachez que toute la Tourbe a bien conclu"

Pythagoras dit : "Mais je vous dit que c'est une chose que je sais, que j'ai vue, touchée, et je sais la raison, et la raison est par tout aux herbes et arbres et hommes et anges et en toute nature."

Théophilus dit : "Notre maître il me semble que les serpents portent un venin, duquel si on mangeait, on en mourrait; mais qui prendrait après du venin d'une pâte qui est la "thériaque", un venin consommerait l'autre et empêcherait de mourir."

-L'art de l'Alchimie se définit dans et par la nature elle-même. Par la suite, la possibilité de guérison totale de toute maladie grâce à la PIERRE PHILOSOPHALE est évoquée ici pour la première fois.

Socrates dit : "Sachez que les philosophes ont appelé notre eau, eau de vie et ont bien dit; car premièrement elle tue le corps, puis le fait vivre et le fait jeune."

-L'eau permanente dans son pouvoir universel permet notamment la dissolution des corps, puis leur vivification et enfin rétablit leur  jeunesse. Certes mais de quels corps parlons-nous ?

Saverilius dit : "Tu es envieux." Et il dit : "Sachez que notre matière est un oeuf, la coque c'est le vaisseau, et il y a dedans "blanc" et "rouge" : laissez le couver à sa mère sept semaines, ou neuf jours, ou trois jours, ou une ou deux fois : ou le sublimez, lequel que vous voudrez, à petit bain, deux cent quatre vingt jours; et il s'y fera un poulet à crête rouge, la plume blanche, et les pieds noirs."

-Dans l'oeuf des philosophes, ou ampoule, nous y mettrons le soufre et l'Argent Vif que nous laisserons au bain, procédé à  priori le plus sur, afin d'obtenir par la suite un soufre non combustible et un mercure fixe. La noirceur de la putréfaction, ou pourriture, devant demeurer au fond du vaisseau.

Aristote dit : "Sachez que plusieurs parlent en diverses manières, mais la vérité n'est qu'une chose laquelle est au fumier, et d'elle-même se connaît."

-Putréfaction.

Pythagoras dit : "Comment Aristote es-tu assez hardi de parler ? Tu n'est pas encore assez savant pour parler avec nous, tu devrais écouter; toutefois ce que tu as dit est vrai; écoute les maîtres et Platon."

Lucas dit : "Je me suis tant émerveillé du Soleil de ce quand je regarde vis à vis d'une forte épaisse nuée, elle apparaît jaune, verte, rouge, et bleue; et ce sont les couleurs que le soufre fait apparaître."

Nostius dit : "Prenez la Pierre qui est appelée Bénibel, car toute l'eau d'elle est couleur de pourpre et de rougeur serpentine. Lavez donc le sable de la mer jusqu'à ce qu'il soit blanc, et le laissez sécher au Soleil."

-Au travers de ces passages, il faut considérer que le soufre est lui-auusi issu de l'or ?? Et qu'il faut laver l'Argent Vif avec l'eau de la Pierre, laquelle eau devant être rouge. Je reste dubitatif quant à mes conclusions. N'y-a-t'il pas matière à trop rendre trop hermétique ce document, ou bien, peut-être plus sûrement, la version latine que j'ai faite de l'ouvrage est partiellement erronée ! 

Archimius dit : "Sachez que Mercure est caché sous les rayons du Soleil, et la Lune le lui fait perdre et le prend. Et Vénus est messagère du Soleil, et lui fait savoir sa seigneurerie; et Mars est celui qui lui présente; et quand le Soleil a son royaume, pour la peine que ses six compagnons ont pris, il leur de très beau vêtement de sa livré."

-L'Arent Vif peut être indifféremment issu de l'or que de l'argent. La transmutation des métaux peut s'opérer sur les six autres corps, y compris l'argent, métal pratiquement parfait.

Le Philosophe dit : "Notre matière est appelée oeuf, serpent, gomme, eau de vie, mâle, femelle, bénibel, corsuffle, thériaque, oiseau, herbe, arbre, eau, mais tout n'est qu'une chose c'est à savoir eau, et n'est qu'un régime à savoir cuire."

Danaus dit : "Sachez que les envieux ont dit que cette oeuvre se fait en trois jours. les autres en sept, les autres en un; ils disent tous vrai selon leur intention. Mais sachez que nos mois durent chacun vingt trois jours, et deux jours avec; et la semaine de chacun des mois a sept jours, et chaque jours quarante heures; car ce sont nos temps et nos heures, donc tout y est, et le temps."

-A l'occasion de ces deux passages une liste de synonymes nous est livrée, puis un décompte de temps; tout en sachant qu'à priori cet ouvrage arabe date du IXème siècle, et de surcroît éventuellement issu de textes helléniques, donc avec leur temps.

Eximiganus dit : "Mouillez, séchez, noircissez, blanchissez, pulvérisez et rougissez et vous avez tout le secret de l'art en ce peu de mots. Le 1er est "noir", le 2ème "blanc", et le 3ème "rouge". 80.120.280.deux les font, et ils sont faits 120. Gomme; lait; marbre lune. 280 airain, fer, safran, sang. 80, pêche, poivre, noix. Si vous m'entendez vous êtes bien heureux, sinon ne cherchez plus rien car tout est en mes paroles."

-L'ordre des opération doit être parfaitement respecté, afin d'obtenir en 1 la couleur "noire", en 2 la couleur "blanche" et enfin en 3 la couleur "rouge". Je ne puis vous en dire plus... A vous de méditer !J'espère pour le moins que la traduction latine effectuée par mes soins ne soit point erronée. Sachez, amis, que je transmet non point la totalité de la "Turba Philosophorum", très fastidieuse à traduire puis à lire, mais seulement les passages qui me paraissent les plus importants... Toutefois cela reste mon humble avis.

Nostius dit : "Sachez qu'homme ne produit qu'homme. Qu'il faut un fort petit feu pour dissoudre, car la froideur de l'eau nous serait contraire, et nous voulons qu'elle domine sur son corps. Et par ce feu lent, la noirceur apparaît, qui est l'esprit altérant l'autre esprit. Après ténèbres vient clarté, et après tristesse vient joie, et fondement sur pierre marbreuse est de notre intention."

-Le principe composant la Matière ne peut être obtenue que par l'esprit d'un même corps.

Isimindrius dit : "Sachez que notre première esprit s'altère, le second se mêle, et le troisième se brûle. Premièrement donc mettez sur neuf onces de notre matière, du vinaigre deux fois autant au premier, quand il se met sur notre feu, et faites cuire Bembel, Teldie, Salmich, Zarnech, Zenic, Orpiment blanc, soufre rouge. Quatre-vingts ou quatre-vingts deux degrés. Et notre soufre est rouge quand la chaleur du feu passe les nuées, et se joint avec les rayons du Soleil et de la Lune, et Vénus a déjà vaincu Saturne et Jupiter, par la convenance qu'il a sa complexion. Alors Mercure, qui n'a plus d'aide, descend. Et en ce débat descend trois figures chaudes et sèches, et il demeure en chacun signe quarante trois, vingt quatrième degré et un tiers."

Le mercure s'altère, le sel se mêle et le soufre brûle. Adjoindre une matière possédant beaucoup d'"acrimonie" au mercure, à savoir 18 onces, et neuf onces sur un soufre non purifié. Le degré de feu nous est ici enseigné, environ quatre-vingts degrés, pour permettre un principe soufre et un mercure des philosophes.

Eximiganus dit : "Car sachez que sans noirceur vous ne pouvez blanchir. Prenez donc la pierre rouge et la blanchissez de noirceur, et la rougissez de blancheur; et sachez que dans le ventre de la noirceur, la blancheur y est cachée; tirez a dehors comme vous savez; puis tirez du ventre de la blancheur, la rougeur, comme vous voudrez, car tout gît en les trois points."

-Directement de la putréfaction, il est impossible d'obtenir la couleur blanche, et de même, de la blancheur nous ne pouvons obtenir immédiatement la couleur "rouge". Beaucoup de réflexions et de travail nous attendent. Il faut néanmoins se souvenir que la "Turba Philosophorum" est une discussion, l'ordre des sujets, ou si vous préférez l'enchaînement des propos, n'est pas forcément cohérent.

La Tourbe dit : "Maître, tout ce que nous disons ,'est sinon faire du fixe le volatil, et du volatil du fixe. Et le tout pour faire un moyen entre eux deux. et sachez que ceci se fait en sept bons jours."

-Ce passage résume en fait tous les fondements de l'Oeuvre, en sachant de plus qu'un délai de sept jours est nécessaire pour le réaliser, sans oublier qu'un jour est égal à quarante heures.

Archimius dit : "Prenez Arzent, ce sont vers noirs, et venin de vieilles tuilles rouges marins, et ont horrible regard, et les cuisez à feu ni trop chaud, ni trops froid; car s'il est froid ils ne s'altèrent point, et s'il est trop chaud il ne se fait pas conjonction par vrai amour d'eux-mêmes. Continue ton feu trois jours durant comme aux oeufs de poule sous la mère, et comme une chaleur de fièvre environnée, et gardes les bien en leur coque."

-Ce paragraphe nous donne une version très nette quant au degré de feu devant permettre la conjonction des deux principes que sont le soufre et le mercure des philosophes.

Mindius dit : "Et sachez que quand la "magnésie" est blanche après la noirceur, ceci est accompli. Nature s'éjouit de nature, et nature surmonte nature, et nature contient nature."

Pythagoras dit : "Et je vous dit que notre oeuvre a dès son premier commencement à travailler de deux natures, et ne sont qu'une substance, l'une est chère, l'autre vile, l'une dure, l'autre aquatique, l'une "rouge", l'autre "blanche", l'une fixe, l'autre volatile. Et ce n'est que "magnésie" et soufre. Et sachez qu'au commencement, l'un domine les trois parts."

-Le soufre, élément propre à tous les corps, est sali par la "magnésie". Je ne reviendrai pas sur les deux principes, soufre, mercure.

La Tourbe dit : "Il le faut celer aux fous, et le révéler aux sages, et non autrement, car ce serait damnation."

Florus dit : "L'eau du soufre est mêlée de deux natures et se congèle et se dessèche, et s'altère et se blanchit, et se rougit par l'aide de feu administré comme  l'on doit tant seulement."

-La manière d'obtenir un soufre non combustible, purifié de sa terrestréité.

Bracchus dit : "Prenez l'arbre blanc de cent ans, environné d'une maison ronde de chaleur humide environnée et fermée pour la pluie, le froid et le vent; et y mettez son homme qui a les cent ans; et je te dis que si tu le laisse cent quatre vingts jours, ce vieillard mangera tout le fruit de cet arbre, jusqu'à ce que le vieillard soit mort, et tourné en cendre, et il demeurera autant de temps, ni plus, ni moins."

-Il apparaît dans ce passage une indication sur la fermentation du soufre, lui même issu de la Lune.

Zenon dit : "Sachez que l'arbre blanc vient de la minière noire de quatre vingts ans, et les dix d'avantage le font blanc et beau, et les autres rouge en divers degrés. Et sachez que si vous ne teignez la Lune que vous avez dans votre vaisseau, jusqu'à ce qu'elle soit resplendissante comme le Soleil, vous ne faites rien.  Car je vous dit que la Lune est le moyen de la concordance, et non pas le plomb ni l'étain."

-l'oeuvre au blanc commence par la Lune, mais la transmutation des corps en or, à savoir l'oeuvre au rouge, est l'aboutissement de tous nos efforts.

Lucas dit : "Sachez que le feu contient l'eau en son ventre, et cette eau se tire par feu convenable, et puis par le moyen de l'eau chaude et tiède, où le feu se baigne continuellement. Et la chambrière met la noirceur de la nuit dehors."

-L'humidité, et la noirceur des esprits s'exhalent par le feu, ou plutôt par un cuisson au "bain-marie".

Isindrius dit : "Cuisez tout cent cinquante jours, puis cuisez jusqu'à votre désir, comme vous savez, et que tout soit impalpable : et sachez qu'après, deux cent quatre vingts jours lui suffisent. Environnez l'"environné" du dedans au dehors, contenant le contenu, et tout le vaincra; un blanc, un noir, un rouge : fortifiez les deux, faites bon le premier, et se multiplie à atteindre dix examens, et l'autre n'est un examen."

-Les deux cent quatre vingts jours correspondraient aux cent cinquante jours pré-cités, si l'on tient compte de jours de quarante heures.

La Tourbe dit : "Sachez que tant plus notre Pierre est digérée, de tant plus son feu est plus actif, et fait d'une nature plus ignée sur les autres éléments, et aussi teint d'avantage."

-La Pierre parfaitement digérée, réduite en poudre, a plus de propriétés, tant de fusion que de teinture.

Pythagoras dit : "Allez enfants, notez ces derniers mots touchant la glorieuse action, et transmutation très soudaine. Sachez que le monde vivait au premier, deux cent quatre vingts ans, mais le temps vient que le fils de ce temps ne dure que trois ans. Et sachez que si bien se médecine, prend médecine laxative par dedans, et "confortative" par dehors, à ce que l'un n'éteigne pas l'autre."

Le Philosophe dit : "Notre composition est faite de deux choses. Et que ce n'est que dissoudre et tuer le vif, et vivifier le mort, et de tout, faire une vie."

-Élimination du volatil et vivification, la Pierre dissoute permet par projection la "régénération" de tout principe naturel.

La Tourbe dit : "Sachez que notre oeuvre a plusieurs noms. Mais sachez que le tout n'est autre chose que les couleurs apparentes en l'oeuvre. Et soyez assurés que mille chose ne teint le métal, fors le métal même en sa nature. Et sachez que nulle nature n'est amendée, sinon en sa propre nature. Maintenant je veux dire quel doit être le feu. pour venir à la perfection de tout et l'accomplissement de notre oeuvre; je ne vous commande qu'un feu lent, continue et chaud, digérant et cuisant comme la nature le requiert."

-Ce paragraphe peut s'apparenter à une conclusion . Tout en sachant que nature reste nature et que l'oeuvre est issue de la nature. L'hermétisme de ce passage nous enseigne je pense, rigueur et patience.

La distinction de l'épître qu'Arisleus a composée pour savoir ce précieux Art.

Pythagoras dit : "Nous avons déjà tout écrit comme ce précieux arbre se doit planter, de peur qu'il ne se meurt, et comme le frit, après les fleurs blanches, se peut parfaire et manger. Et quiconque en mangera n'aura jamais faim ni tribulation, mais sera Prince."

Arisleus dit : "Je vis les habitants de la mer qui couchaient les mâles avec les mâles, et d'eux ne venait aucun fruit. Et ils dirent, "quelle chose est-ce qu'un philosophe ?" Et je répondit : "C'est celui qui connaît les vertus de toutes choses créées et leurs natures". Et il me dirent : "De quoi profite cette science ? Nous n'en faisons aucun compte, s'il n'y a pas de profit." Et je répondis :"Si en vous il y avait philosophie ou science, et sagesse, vos enfants seraient multipliés, et vos arbres croîtraient et ne mourraient point, et vos biens seraient augmentés, et seriez tous Rois, surmontant vos ennemis. Vous savez que les mâles n'engendrent point, car toute génération est faite d'hommes et de femmes." Et le Roi dit :"Quelle chose est convenable à conjoindre ?" Et je lui dis : "Amenez moi votre fils Gabertin et sa soeur Beya." Et le roi dit : "Pourquoi la veux-tu avoir ?" Et je lui dit : "Parce qu'il ne se peut faire de véritable génération sans elle, ni ne se peut aucun arbre se multiplier. Je conjoindrai Gabertin à Beya. Ainsi est de Beya, qui est la matière substantielle de quoi est Gabertin le beau et resplendissant. Et incontinent que Beya eut accompagné son mari et frère Gabertin, et qu'il fut couche avec elle; il mourut du tout et perdit toute sa vive couleur et devint mort et pâle, de la couleur de sa femme. Et il nous prit tous dix et nous enferma dans une prison d'une maison de verre sur laquelle est édifiée une autre maison, sur laquelle encore bien et sagement l'on en a édifié une autre. Et ainsi nous avons été emprisonnés en trois maisons rondes, bien closes et fermées." Et le Roi dit : "Voulez-vous encore tuer ma fille ?" Et je lui répondis : "Ayez un peu de patience et nous donnez la grâce de votre fille. Et le Roi nous la donna, laquelle demeura avec nous en la prison de la maison de verre quatre-vingts jours. Et nous tous demeurâmes en ténèbres et obscurité dans les ondes de la mer, et en grandes chaleurs d'été et en agitation et soulèvement de la mer, dont jamais n'avions vu de semblable. Quand nous fûmes lassés, nous vous vîmes, Pythagoras, en notre songe, et nous vous priâmes que vous nourrissiez notre enfant, lequel fut nourri et encouragé et animé, et vainquit la femme qui l'avait vaincu auparavant, et ils firent multiplication semblable au fils. lors nous fûmes réjouis et nous dîmes au Roi que son fils était en état d'être vu." 

Ce texte allégorique, empli de métaphores, résume néanmoins assez bien, lors que l'on soit relativement  habitué à la philosophie hermétique, le principe du Grand Oeuvre. Mâle et femelle, soufre et mercure des philosophes, l'esprit mâle meurt par l'action de l'esprit femelle, ce dernier étant lui même vaincu, après son introduction dans un triple vaisseau de verre. Ce raisonnement vous paraîtra trop simpliste et cette conclusion trop facile, mais sachez que je laisse une place importante à la méditation. Je vous ais livré ici, non pas l'intégralité du texte, mais les passages les plus forts.
Enfin, n'oubliez pas que un est tout, et tout est un; et que nature reste nature, et en explorant la nature, elle nous guidera et nous mènera en son sein.


























2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je me permets juste d'apporter une précision sur le terme « Pythagore ».
    Le mot « Pythagore » ne désigne pas un homme, mais une science. Pythagore est un nom composé ; sa terminaison « gore » est un dérive du « gourou » (curé en sanscrit) ou guru des Hindous, et il signifie « celui qui enseigne », le Maître. En décomposant le nom, nous avons Pytha-gore. Or ce mot Pytha, c'est la Pythie qui enseigne.
    https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.fr/
    Cordialement.

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    1. Bonjour,
      Certes "Pythagore" n'est pas un philosophe, au sens propre du terme, comme le laisse supposer ce document. Cependant n'oublions pas le caractère hermétique de "la tourbe des philosophes".

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